Historique

Bien que sommairement décrit depuis le milieu du siècle dernier, le concept du coût global a été formalisé en 1983 par l’US Navy par la publication de la norme militaire MIL-HDBK-259. Puis il est passé du domaine militaire à celui de l’industrie puis à celui de l’immobilier, où il s’est centré sur la somme des coûts afférents à un bâtiment (ou « ouvrage ») tels que l’ensemble des coûts relevant de sa conception, de sa construction, de son assurance, de sa gestion et de son exploitation et de sa préservation sur de nombreuses années, sans oublier celui de sa future démolition (ou « déconstruction »).

Dans le sillage du Royaume-Uni, le coût global correspond à une nécessité due à l’apparition en 1992 de nouvelles pratiques liées à des contrats globaux comme les PFI (« private finance initiative » – note 1), connus en France sous le nom de Contrats de Partenariats Publics Privés « PPP ».

La prise de conscience du sujet par les pouvoirs publics et les investisseurs qui s’interrogent désormais sur la nécessité d’ouvrages plus durables, le constat de la hausse inéluctable des prix des énergies, de normes et réglementations de plus en plus contraignantes, notamment la RE2020, le nécessaire réemploi des matériaux de construction, la gestion sélective des déchets … bref leur engouement pour ces questions amène mécaniquement à la question du coût global.

Développement en France

En France et en matière de marchés publics globaux, le cadre de l’évaluation, de la négociation et jusqu’à l’échéance d’un marché de partenariat public privé (PPP), d’une délégation de service public (DSP) ou d’un contrat de location avec option d’achat (LOA) entre un offreur de solution globale du secteur privé (entreprise ou groupement) et son client public donneur d’ordre (Etat et collectivités territoriales) incorpore obligatoirement la notion de « coût global ».

Procédant par comparaison entre plusieurs options architecturales et/ou variantes techniques, l’approche en coût global vise à aider le Maître d’ouvrage dans ses arbitrages entre des solutions plus ou moins onéreuses à l’investissement, en fonction des économies qu’elles sont susceptibles de générer à long terme.

Comme l’indique la note de la Direction des Affaires Juridiques de Bercy (note 2) : « afin d’apprécier le coût global du projet, il est nécessaire que l’acheteur [public] produise une analyse précise des conditions de financement attendues pour le projet de marché de partenariat ainsi que des éventuels leviers de son optimisation. L’appréciation du critère du coût global doit permettre de démontrer, que dans le cas où le mode privé de financement est plus onéreux que le financement public, cet inconvénient est compensé par des économies générées ailleurs pour l’acheteur ».

Les décideurs au sein des maîtres d’ouvrage et donneurs d’ordres publics, notamment certains élus qui voient au-delà de leur mandat, ressentent le besoin de savoir ce qu’un ouvrage va réellement coûter à l’Etat ou à a collectivité jusqu’à son obsolescence et sa déconstruction. Si le fait de raisonner, construire, rénover, ou maintenir dans une optique de maîtrise des coûts n’est pas – comme nous l’avons évoqué ci-avant – d’une grande nouveauté, la notion de coût global d’un bâtiment ou d’un ouvrage trouve une assise beaucoup plus large en intégrant son utilisation, son adaptation aux changements d’usage, sa performance énergétique et environnementale et sa durabilité.

La montée en puissance de cette notion coïncide avec la période d’augmentation significative des coûts d’exploitation-maintenance et des énergies que nous connaissons depuis le début des années 2000 (plus de services à l’immeuble et aux occupants) lesquels sont estimés actuellement à environ 80% de la somme totale des dépenses générées par un bâtiment tertiaire, de sa conception à sa déconstruction sur une durée moyenne de 50 ans.

C’est souvent le cas inverse pour les bâtiments labellisés Haute Qualité Environnementale (« HQE ») ou à basse consommation (« BBC »), qui peuvent être plus chers à construire que ceux avec des procédés plus traditionnels. Mais, étant beaucoup plus sobres en termes de consommations énergétiques, le bilan économique en coût global de l’opération apparaît souvent plus intéressant.

Existe-t-il plusieurs définitions du coût global ?

Selon une classification proposée par la Mission interministérielle pour la qualité des constructions publiques (MIQCP – note 3) dès 2006, la géométrie du coût global comprend trois périmètres différents:

  • le coût global élémentaire qui intègre les coûts techniques différés (exploitation, maintenance, etc.) et représente l’ensemble des coûts immobiliers. Ce coût global élémentaire (note 4) incorpore les dépenses de Gros Entretien Renouvellement (« GER ») en application de la Norme FDX 60-000 (note 5) et ceux liés à la déconstruction, sans oublier d’y ajouter le coût de son financement et la fiscalité associée ;
  • le coût global d’usage (ou « TCO » pour Total Cost of Ownership – note 6) appelé aussi coût global élargi, intègre la notion de cadre de vie et des éléments qualitatifs en matière de conditions de travail, de confort et de santé. Il ajoute au coût global élémentaire les consommations d’utilités et d’énergies et doit permettre d’identifier les économies positives engendrées par le bâtiment comme étant un lieu de vie agréable et sécurisé pour ses usagers, et celles impactant leur productivité. Malheureusement, ces facteurs restent peu ou mal évalués alors qu’ils sont essentiels. Par exemple dans un bâtiment tertiaire, les dépenses de personnel rapportées au mètre carré représentent près de cent fois les dépenses énergétiques.La norme AFNOR XP X50-155 (« Management par la Valeur et Coût Global ») permet de ne rien oublier et d’autoriser la comparaison des avant-projets.Les normes NF-EN 16627 et ISO 15686 spécifient les méthodes de calcul fondées sur l’approche du calcul en coût global, la prévision de la durée de vie et autres exigences de performance d’un bâtiment.De la même manière, la norme ISO 20400 qui porte sur l’achat responsable, permet la prise en considération de ces coûts dans le cadre du processus d’approvisionnement.
  • le coût du cycle de vie (ou Whole Life Cost) dépasse le point de vue du maître d’ouvrage, représenté par le TCO, pour englober l’impact environnemental du bâtiment dans le tissu urbain et les bénéfices attendus et générés à différentes échelles territoriales tels que la préservation des ressources naturelles, la limitation des gaz à effets de serre (« GES »), la réduction des coûts de transport, la mutualisation de certains services avec les voisins, l’identification des contraintes et bénéfices revenant à des tiers, les impacts sociaux et sociétaux que l’ouvrage peut avoir sur l’image de l’organisation ou de l’entreprise utilisatrice si elle est locataire (« RSE » – note 7), sans oublier les coûts potentiellement additionnels si des risques non assurés ou non provisionnés survenaient.

L’approche en coût global du cycle de vie, baptisée aussi coût global partagé, permet une réelle anticipation qui doit être initiée le plus en amont possible d’un projet, car près de 90 % des coûts totaux de possession et des externalités doivent être prédéterminés dès le début du processus de conception.

Conclusion

À n’en pas douter les approches en coût global doivent naturellement se développer. Introduire le long terme dans des projets jusque-là souvent mesurés qu’à l’aune de leur coût immédiat, modifier les méthodes d’analyse, de comparaison des solutions, de transmission des données et de partage des décisions, ne saurait se faire du jour au lendemain, mais les objectifs de la Stratégie Nationale Bas-Carbone (« SNBC » – note 10) l’obligent, le moment est venu d’accélérer les évolutions des processus de décision.

Car bien plus qu’un calcul à afficher, le coût global constitue une optique indispensable pour l’efficacité environnementale qu’impose la RE2020 (note 11) aux ouvrages et bâtiments, avec l’amélioration conjointe de l’aménagement et du développement des territoires et un appel à un management complet des projets dépassant la simple analyse du rapport coût d’investissement / coût d’exploitation.

Appuyé sur des données les plus fiables et les plus transparentes possibles, suivies « du berceau à la tombe », en s’intéressant tout autant à la dynamique qu’il crée qu’à ses résultats chiffrés, le coût global peut et doit jouer le rôle d’un aiguillage pour trouver les réponses à toute question à se poser et éclairer toutes les décisions à tout au long du projet pour conduire celui-ci avec un regard tout à la fois élargi et une plus grande acuité.

En tant qu’expert incontournable dans ce domaine, RLB-SQA est en capacité d’intervenir sur tous types d’ouvrages, sur l’ensemble du territoire. RLB|SQA est notamment intervenu sur plus d’un tiers des opérations de Partenariats Publics Privés réalisées en France depuis le début du siècle, et a développé une expertise importante en matière de maîtrise de coûts d’exploitation / maintenance, qui lui permets d’aborder la réflexion sur l’ensemble des axes de la démarche.

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